C’est l’histoire d’une vocation. Et d’une double transmission familiale.
Lemuel Lepingue a une dizaine d’années quand son oncle Louis Félix, boucher à Rivière-Salée, l’amène à son travail le week-end. « Je le regardais, je l’aidais, j’apprenais », se souvient-il. Quelques années plus tard, il obtient son bac pro production animale au LEGTA de Croix Rivail. « Mais je sentais qu’il me manquait quelque chose ». Ce manque, c’était les compétences pour devenir boucher. Le métier auquel il avait pris goût en observant son oncle.
Il part dans l’hexagone préparer le CAP boucher à Bressuire (Deux-Sèvres). Il revient en Martinique en 2018. Sa tante, Marie-Nella Agarat, artisan boucher au marché de Saint-Pierre, est sur le point de prendre sa retraite. C’est l’occasion d’une seconde transmission familiale. Celle du fond de commerce cette fois. Lemuel ouvre la boucherie 2L, ses initiales.
À 22 ans, il devient le plus jeune artisan boucher de Martinique.
Après Saint-Pierre, Ajoupa-Bouillon
Pour son installation, le jeune chef d’entreprise est accompagné par la chambre des métiers et le syndicat des artisans bouchers. Il apprend vite et son affaire se développe. Il saisit l’opportunité de reprendre une seconde boucherie à Ajoupa-Bouillon. Il embauche un salarié avec lequel il partage l’activité entre Saint-Pierre et Ajoupa. « Deux boucheries en six ans, c’est bien, reconnaît-il. Je vis de mon activité, je n’ai pas à me plaindre. J’ai d’autres projets. Je vais prendre le temps d’y réfléchir ».
Lemuel s’approvisionne auprès des éleveurs locaux. Ce n’est pas toujours simple car beaucoup arrêtent et ne sont pas remplacés. Et puis il y a le problème du chlordecone. « Quand on dépose une bête à l’abattoir le lundi, on a les résultats des analyses le jeudi, regrette-t-il. C’est handicapant ». Avoir son propre cheptel ? À l’avenir peut-être. Pour le moment, la gestion de ses deux boucheries l’occupe à temps plein.