Henri Basson, président du syndicat des artisans bouchers de Martinique, a été élu en juillet président de l’Association martiniquaise interprofessionnelle de la viande et du lait (AMIV). Il a exposé à L’Echo des Viandes ses priorités et la philosophie de sa mandature.
Quel est votre état d’esprit ?
Je suis très heureux de revenir à la présidence de l’AMIV (après 2012 – 2013). Je veux remettre l’interprofession sur les rails. J’aimerais que tous les acteurs de la filière s’impliquent et laissent de côté leurs différends, dans l’intérêt de notre interprofession. Ce qui nous divise doit faire de la place à ce qui nous unit. Quand on vient à l’AMIV, quand on participe à des réunions de l’interprofession, on vient pour travailler dans le sens de l’intérêt collectif. Nous allons redynamiser l’AMIV avec le concours de toutes les filières.
Vous l’avez évoqué, ça n’a pas toujours été simple au sein de l’interprofession…
Les choses peuvent s’apaiser, doivent s’apaiser. Nous sommes des femmes et des hommes qui aimons ce que nous faisons. Il nous appartient de faire avancer ensemble les dossiers prioritaires.
Les relations ne sont pas simples entre les coopératives non plus…
Je dois rencontrer le conseil d’administration de toutes les coopératives. Je suis convaincu que personne ne veut de mal à l’AMIV. Je vais leur redire que nous comptons sur tous les acteurs.
Comment redonner une vraie dynamique aux filières d’élevage ?
Depuis mon élection, je consulte les différents acteurs ou partenaires des filières viandes, élevage et lait. J’ai rencontré le président de la CTM, Serge Letchimy, le préfet, Jean-Christophe Bouvier, les dirigeants de la grande distribution. Tous ont affirmé leur volonté de soutenir l’élevage. Nous allons bientôt signer de nouvelles conventions avec tous ces partenaires.
Les conditions d’approvisionnement sont compliquées pour les artisans-bouchers dont vous présidez le syndicat. Comment les améliorer ?
Je suis contre le fait d’importer du cheptel vivant et contre l’importation massive de viande. Mais il est vrai que les bouchers ont de plus en plus de difficultés d’approvisionnement. Nous travaillons à l’amélioration de cette chaîne.
Les filières ovins-caprins, lapins et lait ont du mal à se relancer. Comment les aider ?
La filière ovins-caprins est décimée par les chiens en divagation, qui ne sont pas que des chiens errants. Les propriétaires de ces animaux doivent prendre leurs responsabilités. Nous devons contribuer à la relance de ces filières, c’est important. Pour le lait, je sais qu’il y a deux projets, dont un chez Madivial. L’AMIV les aidera selon ses moyens.
Sur la vente au détail, en grandes et moyennes surfaces (GMS) notamment, malgré les problèmes d’approvisionnement, la viande locale est proposée à des prix très raisonnables. Elle est parfois même moins chère que la viande fraîche importée…
Les coopératives d’éleveurs veulent distribuer leurs produits partout. Ce n’est pas toujours possible. En grande surface, le consommateur ne cherche pas toujours en priorité la viande locale. Il se base surtout sur le prix. Ceux qui veulent de la viande locale vont chez les bouchers. Pour le reste, les GMS font des efforts pour maintenir les prix de la viande locale à un niveau raisonnable. Quant aux ruptures de stocks, elles sont surtout provoquées par les intempéries.
Comment mieux soutenir les éleveurs face à la forte hausse de l’alimentation animale et des intrants ?
Les cours ont explosé. Nous devons aider en priorité les petits éleveurs à supporter ces hausses. J’appelle aussi ces petits éleveurs à s’appuyer sur nous pour limiter les risques liés au chlordécone.
La relève chez les artisans bouchers, c’est un vrai problème. Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Il y a des jeunes motivés pour apprendre ce métier. Mais il ne faut pas qu’ils partent pour se former. On doit les former ici. On doit relancer le Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) en Martinique parce que quand les jeunes partent, ils ne reviennent pas. J’ai sensibilisé le président de la CTM. Je pense qu’il va faire le nécessaire pour qu’on assure cette formation ici. À l’AMIV, avec Philippe Dégras, nous y travaillons.
On vous sent déterminé au début de cette nouvelle mandature…
Je vais tout faire pour réussir cette mandature. Il y va de l’intérêt des filières et de tous les acteurs économiques impliqués.
Labellisé Accueil Commerce Qualité Service
La boucherie d’Henri Basson, installée sous le grand marché du Lamentin, a récemment reçu le label Accueil Commerce Qualité Services (AQCS) de la Chambre de Commerce et d’Industrie.» Quand la ville du Lamentin m’a proposé cette formation et la participation à ce label, j’ai accepté après quelques hésitations. J’y ai emmené certains de mes collègues artisans bouchers. Je ne regrette pas du tout, bien au contraire. J’ai appris énormément de choses en six mois. Et je vois les améliorations apportées à ma boucherie. L’affichage du badge AQCS est un plus pour moi «