Henri Basson est président du Syndicat des Artisans Bouchers de la Martinique (SABM) et vice-président de l’AMIV. Pour lechodesviandes-martinique.com, il évoque la conjoncture difficile pour la profession.

Quel bilan tirez-vous de 2021 pour les artisans bouchers ?
Ça a été une année très difficile. Nous avons été en rupture d’activité à plusieurs reprises du fait de la situation sanitaire. Plusieurs marchés communaux ont été fermés. Nous n’avions qu’un ou deux jours par semaine pour travailler. Durant ces périodes, notre clientèle est allée vers les grandes surfaces. Nous avons dû abattre beaucoup moins et baisser le tonnage proposé. Avec des conséquences importantes sur notre chiffre d’affaires.

La conjoncture reste compliquée…
Ah oui, très compliquée. D’autant qu’il nous manque des bovins en Martinique. Je frappe à toutes les portes pour voir si nous pouvons faire rentrer des bêtes sur pied. C’est important pour que nous puissions travailler et contribuer à faire tourner l’abattoir. Il y va de l’avenir du cheptel sur le territoire.

Comment est-on arrivé à cette pénurie ?
Beaucoup de petits éleveurs ont abandonné cette activité très exigeante. Il faut du temps pour préparer une vache à la reproduction et ensuite neuf mois pour la gestation. C’est lourd pour les petits éleveurs. Les conditions d’élevage sont aujourd’hui très difficiles.

Il y a eu également des cessations d’activité chez les artisans bouchers ?
Ah oui ! Aujourd’hui, nous ne sommes plus que 160 au lieu de 380 il y a quelques années. Nous avons aussi des difficultés à trouver des jeunes qualifiés alors que la demande est forte. Quand ils partent dans l’hexagone pour se former, ils y restent. On espère mettre en place des formations ici, comme il y a quelques années, pour que la profession puisse se renouveler.

Où en sont vos relations avec l’abattoir ?
Elles ne s’améliorent pas vraiment. Nous nous trouvons souvent pris au dépourvu face à des périodes de fermeture annoncées tardivement. Tenez, nous venons de recevoir un mail pour nous informer de la fermeture de l’abattoir durant la semaine de carnaval. Nous devons donc abattre davantage les jours précédents pour stocker de la marchandise. Alors que pour nous et nos clients, c’est toujours mieux d’avoir de la viande fraîche. Nous avons sollicité un rendez-vous avec le président de l’exécutif de la CTM pour évoquer le problème. Nous devons trouver des solutions.

Vous avez aussi subi une hausse importante de l’alimentation animale et des intrants ces derniers mois…
Les artisans bouchers sont le dernier maillon de la chaîne. Tout a augmenté en amont. Le consommateur a du mal à accepter que nous répercutions ces hausses sur nos prix de vente. En grandes surfaces, ils tolèrent davantage ces augmentations. Or si nous ne répercutons pas, nous perdons sur nos marges.

Vous restez malgré tout optimiste pour l’avenir de la profession ?
Absolument. Nous ne baissons pas les bras. Nous faisons tout pour préserver notre activité, préparer la relève avec des jeunes et assurer le renouvellement de la profession. Je crois qu’avec les nouveaux élus, nous pourrons nous mettre autour d’une table pour trouver des solutions ensemble.