C’est un accord qui va faire date pour les éleveurs martiniquais. Il concerne la filière bovins viande. Elle est la première filière en Martinique, et l’une des premières outre-mer, à voir producteurs et distributeurs valider une méthode commune de calcul des indicateurs de référence, dans le cadre de l’interprofession.
Le Comité de gestion bovins viande de l’AMIV (COGEVI), la CODEM (Coopérative des éleveurs bovins de la Martinique) et le Syndicat de la distribution et des grossistes alimentaires (SDGA) ont signé cet accord de méthode le 12 octobre. Ce document (voir lien en fin d’article) est fondamental pour répondre à l’objectif prioritaire des lois ÉGAlim 1 (30 octobre 2018) et ÉGAlim 2 (19 octobre 2021) : la juste rémunération des exploitants agricoles.
Au préalable, les acteurs de chaque filière doivent s’entendre sur le mode de calcul des deux principaux indicateurs de référence : le coût de production en amont et le prix de revient en aval. Ces éléments sont expressément mentionnés dans l’accord signé le 12 octobre en Martinique. Le coût de production permet notamment de garantir aux éleveurs bovins le juste prix de leur matière première agricole, fixé par les réseaux de référence élevage. Une fois publié, ce coût de production devient non négociable lors de la vente au premier acheteur.
L’atelier viande bovine, unité centrale
Que contient cet accord interprofessionnel ? On y trouve d’abord un élément déterminant : l’atelier viande bovine. C’est l’espace de production, l’unité de référence au sein de laquelle sont comptabilisées toutes les charges de l’exploitation. L’atelier viande bovine « inclut le cheptel, la production fourragère et la production des céréales auto consommées par le troupeau de bovins viande » indique l’accord. « Les charges afférentes (…) serviront à calculer le coût de production ». Les termes de l’accord stipulent encore que « le coût de production de l’atelier permet d’évaluer tout ce que les éleveurs engagent pour produire la viande en intégrant le coût de leur travail et des surfaces qu’ils ont en propriété ».
Ce coût de production est calculé sur la base du fonctionnement d’une exploitation bovine standard naisseur-engraisseur en Martinique. Autrement dit, sur le type d’exploitation le plus répandu. Ce coût est remis à jour tous les trois mois par le Réseau de référence Ruminants coordonné par l’Institut de l’Élevage (IDELE).
Le prix de revient réactualisé tous les six mois
L’accord précise aussi le mode de calcul de l’autre indicateur de référence : le prix de revient. Il équivaut au coût de production de l’atelier viande bovine dont « sont déduits les aides et les autres produits affectés à l’atelier ». Une fois ce prix de revient déterminé, le producteur fixe le prix auquel sa viande sera vendue. Pour la filière bovins viande, c’est la CODEM qui est chargée de réviser le prix de revient tous les semestres. Pour ce faire, elle s’appuie sur l’évolution de l’ensemble des charges et produits de l’exploitation (alimentation animale, engrais, carburant, frais vétérinaires, prix de vente, aides POSEI, rémunération du travail…). C’est sur la base de ce prix de revient actualisé que la CODEM procède à la mise à jour du prix de vente final tous les six mois.
En signant* cet « accord interprofessionnel relatif à la méthodologie de calcul des indicateurs de prix de revient », le COGEVI, la CODEM, le SDGA, avec l’appui de l’AMIV et du Réseau de références DOM (coordination IDELE), ont permis à la filière bovine d’être pionnière dans l’application des lois ÉGAlim en Martinique. La mise en œuvre de cet accord conduira à une rémunération plus juste des éleveurs bovins.
Les filières monogastriques dans l’attente
La filière bovins viande ouvre ainsi la voie aux filières monogastriques (porc et volaille). Ces dernières n’ont pu encore rédiger leur accord de méthode ni établir leurs indicateurs de références du fait de l’absence de coordination pour le Réseau de référence en élevages monogastriques depuis fin 2021. Une mission commune IFIP (Institut Français du Porc) et ITAVI (pour la volaille) est programmée en Martinique du 24 au 28 octobre 2022. Elle vise à faire le point sur les données techniques et économiques disponibles pour nos filières porc et volaille. D’ici fin 2022 début 2023, ces deux filières devraient être fixées sur leurs premiers indicateurs de référence dans le cadre des lois ÉGAlim.
Pour consulter le contenu complet de l’accord, cliquez sur le lien suivant : https://lechodesviandes-martinique.com/wp-content/uploads/2022/10/AMIV-Accord-interprofessionnel-indicateurs-COGEVI-Filiere-bovins-viande.pdf
*Avant la signature de cet accord, intervenue le 12 octobre, l’interprofession s’était entendue sur une application anticipée aux 1er août et 1er octobre 2022. La prochaine mise à jour des prix de revient interviendra en janvier 2023.