Après deux années difficiles pour cause de crise sanitaire, la filière viande martiniquaise se trouve confrontée aux conséquences de la guerre en Ukraine. Tous les acteurs sont ou seront impactés.

Depuis mars 2020, les éleveurs ont subi plusieurs hausses : matières premières, énergie et surtout alimentation animale… Avec une circonstance aggravante outre-mer, la flambée des coûts du transport maritime pendant la pandémie.
Dans l’hexagone, les organisations professionnelles annoncent une inflation de 79% pour les engrais, 39% pour l’énergie, 13% pour l’alimentation animale. Aux Antilles-Guyane, il faut donc ajouter à ces hausses celle du fret maritime. Le syndicat des commissionnaires en douanes et transitaires de la Martinique (SCDTM) estimait la variation du coût du fret transatlantique de +20 à +25% pour 2021. Pour le fret aérien, c’est +55% !
Selon certaines sources, en tenant compte de tous ces facteurs, les prix des aliments pour la volaille et le porc auraient renchéri de 38% pour nos éleveurs depuis deux ans.

Tous les autres acteurs de la filière viande souffrent. Les importateurs ont subi la forte évolution du coût du fret. Au bout des chaînes de production et d’importation, les bouchers et la grande distribution ont dû ajuster leurs prix de vente au client final pour préserver leurs marges.

L’impact de la guerre dès mai-juin

Avec l’offensive russe, la situation va s’aggraver. Car l’Ukraine et la Russie produisent une grande partie des matières premières importées en France et outre-mer. Les engrais et les céréales notamment. Le cours du blé a bondi de 70% depuis janvier 2022. Et celui des aliments pour bétail aurait déjà renchéri de 70 EUR la tonne. Dans les engrais azotés, on retrouve de l’ammoniac, composé à 80% de gaz, dont la Russie est le premier producteur mondial… Le surcoût du fret maritime et l’allongement inévitable des délais d’approvisionnement compliquent encore la situation.

Une grande partie de la volaille importée aux Antilles-Guyane vient elle aussi d’Europe Centrale : Pologne et Ukraine notamment. On mesure donc les conséquences à venir pour les importateurs et la grande distribution. Conséquences sur les sources d’approvisionnement et les délais. Et évidemment sur les prix !

La Martinique risque d’être rapidement touchée par les retombées de cette guerre : d’ici mai ou juin probablement. Ce conflit se déroule pourtant à 10 000 km de chez nous. Mais ce sont nos circuits d’importation, fortement dépendants de la France et de l’Europe, qui nous y conduisent. Des circuits qu’il faudra vite repenser. Sinon…

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